La ville à l’heure du changement.

Le média qui analyse et présages des mutations de la fabrique de la ville.

Catégorie :  
Architecture & Urbanisme
Un total de
Architecture & Urbanisme
Portrait des 5.5 designers : pour le charme des objets
« Ce n'est point dans l'objet que réside le sens des choses, mais dans la démarche ».

Cette phrase de Saint-Exupéry pourrait en substance préfigurer la vision du métier de designer abordée par les 5.5. Entre sens des responsabilités et approche décalée, entre travail de recherche et collaboration avec les grands industriels, ce collectif de jeunes créateurs créé il y a sept ans joue désormais dans la cour des grands.

5+5=4. En effet, les 5.5, ce sont quatre designers. C'est aussi un collectif qui à l'origine n'avait pas envisagé de se constituer en agence. Pour Vincent Baranger, Jean-Sébastien Blanc, Anthony Lebossé et Claire Renard, tout est parti d'un projet réalisé à la fin de leurs études à l’école Nationale supérieure d’Arts Appliquée et de Métier d’Art (ENSAAMA) à Paris. « Reanim » se proposait de se mettre au chevet des meubles et de faire de la médecine d'objets grâce à des sortes de prothèses en plexiglas. Un projet « manifeste » avec pour ambition de sortir du cycle de la consommation où le gaspillage règne en maître. Leur discours : réparer plutôt que jeter. Ce premier travail a particulièrement marqué leur ADN : par delà une création mécanique d'objets, les designers souhaitent questionner sur la fonction même de ces objets, et activer un déclencheur sur notre façon de les « consommer ». On y est. Le cœur des 5.5, c'est bien de créer des objets « durables », «optimistes et engagés » en réaction à l’obsolescence programmée des marchandises. « On souhaite concevoir des objets « vivants » qui grandissent, se bonifient avec le temps et qu'on a envie de garder le plus longtemps possible. On espère qu'en proposant des objets qui ont du « charme », on va déclencher des coups de cœur car il y a une vrai responsabilité à mettre de nouveaux produits sur le marché », dévoilent Anthony et Jean Sébastien.

Se réapproprier les objets

Difficile de ne pas accorder une importance particulière à un objet que l'on a fait soi-même et les 5.5 le pensent plus que les autres, se rapprochant ainsi d'une approche DIY. Une démarche que l'on discerne dans de nombreux projets comme la Cuisine d'objets (2009) qui propose d'impliquer le consommateur dans le processus créatif. Cuisine d'objets est une série de recettes pour fabriquer des objets à la maison à la manière dont on préparerait un bon petit plat. Et l'intitulé des objets est raccord avec le thème : velouté de lumière, patères en croûte, tabouret façon tatin, guéridon aller/retour. «Dans le monde des objets, c'est comme si on allait au restaurant tous les jours, on ne fait plus rien soi-même. On veut impliquer le consommateur et encourager la différenciation ». Cette esthétique s'acoquine officiellement avec le bricollage-bidouillage. « On nous qualifie souvent de bricoleurs-politiques », soulignent les 5.5.

Dans le même sens, « Les vices de la déco » font appel à la conscience du consommateur. « Cette collection se résume à l’essentiel et fait disparaître toute trace de style pour ne conserver que la partie fonctionnelle de l’objet. Le reste, tout ce qui est lié à l’esthétique du produit, nous vous en confions la responsabilité. Ces fourchettes, couteaux, cuillères et verres suggèrent l’indispensable, l’utilitaire réduit à son minimum», expliquent sur leur site les 5.5. Pour aller encore plus loin, le concept de « cloning » réalisé en 2008 utilise les mesures physiques du consommateur pour interférer sur le rendu final de l'objet. Exemple : un vase dont les mesures sont réalisées en fonction des mensurations d'une personne... Jusqu'au-boutistes les 5.5.

Une autre façon d'envisager le design écolo

Dépeints par de nombreux médias comme des défenseurs de l'environnement, ils ne se revendiquent pas pour autant comme des chantres de l'éco-conception. « Nous intégrons des logiques de développement durable en réfléchissant au choix des matériaux, en favorisant l'artisanat local, en anticipant les processus mais il nous semble que le développement durable dépasse aujourd'hui les compétences du designer», estiment les 5.5. Un de leurs derniers projets, Guide to free farming, se proposait d'offrir des outils pour chasser les animaux des villes, au rang desquels rats, pigeons et autres cafards. L'idée: faire réagir les gens sur la notion de locavore (ndlr : personne qui consomme une nourriture produite localement) avec un discours volontairement provocateur sur l'agriculture urbaine. Fonctionnant comme une sorte de cabinet de recherche en design, le collectif a su montrer sa capacité à innover et à poser des questions en phase avec l'air du temps. Cette démarche n’a pas manqué attirer de nombreux industriels : Baccarat, Moulinex, LaCie et tout récemment Nespresso. Les 5.5 designers s'éloignent donc aujourd'hui du design « prospectif » de la recherche, du laboratoire pour se rediriger vers la production en grandes séries. « On pense que le meilleur moyen de faire bouger les choses, c'est de le faire de l'intérieur. Notre aspiration : imaginer un « design de transition » qui réconcilie Mr et Mme Tout le Monde et les leaders de pensée ». Souhaitons leur qu'ils conservent cette ingénuité qui fait actuellement leur succès.

2011-02-10
Architecture & Urbanisme
L'éclairage public intelligent contre la pollution lumineuse

S’il permet de sécuriser nos trajets en ville et de mettre en valeur le patrimoine, l’éclairage public est aussi une source de pollution qui affecte aussi bien la faune que les budgets municipaux. D’où l’émergence de nouveaux systèmes d’éclairage « intelligents » et modulables…

Le 8 janvier 2011, l’ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes) publiait les résultats du concours « villes et villages étoilés », créé afin d’encourager les élus locaux à réduire sur leur territoire la pollution lumineuse. A cette occasion, 64 communes françaises étaient labellisées, et quinze d’entre elles obtenaient 5 étoiles. Si de tels chiffres sont à première vue dérisoires (il existe en France plus de 36 000 communes), ils témoignent d’une meilleure prise en compte par les pouvoirs publics des impacts négatifs de l’éclairage public.

« C’est beau une ville la nuit »

Ce dernier n’est pas seulement gourmand en énergie (selon une enquête SOFRES, il représentait en 2005 18% des dépenses énergétiques des communes, soit 5 à 5,5 Twh/an), mais constitue une menace pour la faune : en stimulant la production de mélatonine, il perturbe le cycle reproducteur de certaines espèces (d’oiseaux, notamment), à quoi il faut ajouter que la lumière attire insectes et amphibiens vers des zones urbanisées, donc dangereuses. De même, la pollution lumineuse a considérablement modifié le « paysage nocturne » des pays développés. Ainsi, quand un habitant de la campagne en 1950 pouvait voir à l’œil nu les 400 étoiles que compte la Grande Ourse, seules 100 et 200 sont visibles aujourd’hui dans certains parcs naturels régionaux, quinze en périphérie des agglomérations, et 5 en ville. Impossible désormais d’observer des phénomènes tels que les aurores boréales, à telle enseigne que l’astronomie professionnelle ne se pratique plus sur le territoire français.

La multiplication des points lumineux au cours des dernières décennies (leur nombre aurait augmenté de 30% depuis 10 ans) se justifie ordinairement de deux manières. Les municipalités arguent d’abord que l’éclairage ferait baisser la criminalité et le nombre d’accidents, même si l’impact de la lumière sur la sécurité des riverains et automobilistes est très difficile à évaluer (les pays d’Europe où l’on éclaire le plus les routes ne sont pas forcément ceux où il y a le moins d’accidents, et l’éclairage expose les promeneurs nocturnes au moins autant qu’il les protège). Surtout, la lumière est l’une des clés du marketing territorial : illuminer un bâtiment est encore le meilleur moyen de le mettre en valeur et d’attirer sur lui les regards des touristes.

Vers un éclairage public « intelligent »

Pourtant, les bénéfices de l’éclairage public ont peine à en contrebalancer l’impact économique et environnemental. Du coup, la lutte contre la pollution lumineuse se structure en Europe. La loi Grenelle II du 12 juillet 2010 comporte un volet consacré à la « prévention des nuisances lumineuses » (l'article 173) et l’Union européenne a créé le programme ESOLI (Energy saving in outdoor lightning) pour promouvoir l’usage de technologies lumineuses « intelligentes ».

Parmi ces dernières, l’utilisation de dispositifs auto-réfléchissants sur les routes et, en ville, le remplacement des globes et autres lampadaires par des abat-jour équipés de LED et conçus pour orienter la lumière vers le bas.

La réduction des nuisances lumineuses passe aussi par la mise en œuvre de systèmes d’éclairage modulables. En 2009, la ville de Toulouse a ainsi testé des lampadaires pourvus de LED et équipés de détecteurs de mouvements infrarouges. Conçus pour ne fonctionner à pleine puissance que si quelqu’un passe à proximité, ils auraient permis une économie de 60% à 70%.

Enfin, des chercheurs taïwanais viennent de découvrir que l’injection de nanoparticules d’or dans les feuilles d’une plante et son exposition à des ultra-violets provoquait l’émission d’une faible lueur rouge. Si une telle source d’éclairage permettrait de réduire la facture énergétique de l’éclairage public, on imagine mal son impact sur la faune…

2011-01-14
Architecture & Urbanisme
Jaime Lerner : "Pour changer, une ville doit avoir un rêve"

Qu’est-ce qu’une ville durable ? A cette question, qui hante tous les élus, Jaime Lerner a répondu bien avant que l’écologie ne devienne un incontournable des politiques publiques.

Devenu maire de Curitiba, ville moyenne du Brésil, en 1971 (il fera trois mandats), cet architecte de formation y a mené une révolution urbaine fondée sur la solidarité et la préservation de l’environnement. Dès les années 1970, alors que la planification urbaine favorise partout dans le monde l’essor de la bagnole, son équipe municipale mise sur les transports publics en créant un système de bus en site propre calqué sur le fonctionnement du métro. Parallèlement, elle multiplie les voies piétonnes et met en œuvre une ambitieuse politique d’éducation à l’environnement et au recyclage. Résultat : Curitiba est aujourd’hui un modèle de développement urbain, et la qualité de vie y est parmi les meilleures au monde. Venu à Saint Etienne à l’occasion de la Biennale du design, Jaime Lerner a bien voulu expliquer à midi :onze les raisons d’un tel succès.  

Lorsque vous êtes arrivé à la tête de Curitiba, quel visage avait la ville ?

Je suis devenu maire en 1971, à 33 ans. Comme j’étais très jeune, j’ai essayé de réunir une équipe jeune elle aussi. Tout laissait penser que Curitiba était en passe de devenir un petit Sau Paulo, et nous voulions par-dessus tout éviter ça. Au contraire, nous voulions privilégier la qualité de vie et faire de Curitiba un avant-poste de la mobilité et de la sociodiversité.

Cette ambition s’est notamment traduite par l’aménagement d’un système de transport de masse…

Toute ville de plus d’un million d’habitants se doit d’avoir un métro, mais nous n’avions pas de ressources. Nous nous sommes alors demandé ce qu’est un transport de masse et avons dégagé les caractéristiques suivantes : vitesse (grâce à déplacement en site propre), conditions d’embarquement, fréquence… Nous avons alors compris qu’on pouvait créer un système de transport aussi efficace en surface. En 1974, nos bus en site propre transportaient 25 000 passagers par jour. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 2 millions. C’est plus que le métro de Rio, à cette différence près que notre système de transport a coûté cent fois moins cher. Le tout grâce à une équation de co-responsabilité : la villes a fait les investissements, et la flotte a été constituée grâce à des fonds privés.

Quelle vision de la ville sous-tendait une telle politique ?

Nous en avions une vision intégrée. Pour moi, c’est la tortue qui offre le meilleur exemple de ce que doit être une ville. L’animal réunit sous une unique carapace les fonctions d’habitat, de travail et de mouvement. Si on découpe cette carapace pour séparer les espaces d’habitation, de travail ou de loisirs, on tue la tortue. C’est ce que beaucoup de villes dans le monde sont en train de faire. Mais chaque fois qu’on essaie de séparer l’économie des gens, on court à la catastrophe. Il faut avoir des villes une vision plus généreuse. Quand on envisage une ville, ou un pays, il faut toujours se demander quel scénario on veut : comment jouir au mieux des ressources naturelles ? Quelles technologies mettre en œuvre au service de ces ressources ?

Comment avez-vous eu le soutien et l’adhésion des habitants ?

Aujourd’hui, il y a un manque de communication flagrant entre les décideurs politiques et les gens, entre les planificateurs et les gens, entre les acteurs du monde économique et les gens. Les promesses que font les politiques ne sont pas une bonne manière de procéder. Pour engager le dialogue avec les habitants, il faut commencer par poser cette question : quel est le meilleur scénario pour votre ville ? Une ville doit toujours avoir un projet, un rêve collectif, une idée que tout le monde, ou du moins la majorité trouve désirable. Si c’est le cas, la population vous aidera. C’est ce que nous avons essayé de faire : mettre les gens en contact avec nos idées.

En quoi votre formation d’architecte vous a-t-elle aidé à mettre en œuvre le changement ?

Ça m’a beaucoup aidé. Les architectes sont des professionnels de la proposition, et non du diagnostic. C’est très précieux car pour changer une ville, il faut aller vite. Les processus de planification nécessitent du temps. Mais on peut mener des actions ponctuelles pour accompagner et aider ces processus, pour leur donner une nouvelle énergie. C’est ce que j’appelle l’acupuncture urbaine. Pour moi, l’important, c’est d’agir vite.  

Vous expliquez volontiers qu’on peut révolutionner une ville en 3 ans. Comment ?

On peut en tout cas initier un processus. La plupart des villes du monde ont des problèmes similaires. Trois d’entre eux sont particulièrement importants : la mobilité, la durabilité et la mixité sociale. Toutes les villes peuvent faire de grandes conquêtes dans ce sens.

On voit fleurir un peu partout des écoquartiers. Est-ce que cela vous semble une réponse adapte aux problèmes que vous venez d’évoquer ?

C’est un bon début. Aujourd’hui, tout le monde se préoccupe de durabilité, mais on ne sait pas comment commencer. Certains pensent qu’être durable consiste à utiliser de nouveaux matériaux, d’autres à construire des immeubles verts, d’autres encres à développer des sources d’énergie renouvelables… Chacune de ces initiatives est importante, mais prise isolément, aucune n’est suffisante. 75% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des villes. C’est donc dans la conception des villes qu’on peut être plus efficace. D’où l’idée d’éduquer les enfants à ce qu’est une ville soutenable.

Justement, qu’est-ce qu’une ville durable ?

Une ville durable suppose quelques engagements très simples. Le premier consiste à moins utiliser sa voiture. J’ai dit « moins », et non « plus du tout ». Mais pour les itinéraires de routine, chaque ville devrait avoir un bon système de transports en commun. La deuxième chose à faire, c’est de trier ses ordures. A Curitiba, un vaste programme d’éducation des enfants a été mené en ce sens, et les enfants ont à leur tour éduqué leurs parents. Résultat : 70% des habitants de la ville pratiquent le recyclage. Troisième engagement : vivre plus près de son travail. Enfin, il est nécessaire de comprendre que la durabilité est une équation entre ce qu’on épargne et ce qu’on gaspille.

Vous développez actuellement une voiture électrique ultra-compacte : la dock dock. En quoi est-elle une façon intéressante d’améliorer la mobilité urbaine ?

Si l’on veut résoudre le problème de la voiture en ville, il ne suffit pas de substituer aux moteurs à essence des moteurs électriques, puisqu’alors on ne règle pas le problème de la congestion. Ce qui doit changer, c’est la façon d’utiliser la voiture. Je crois que le secret de la mobilité, c’est de dépasser la compétition dans le même espace des différents modes de déplacement. Chaque moyen de transport a son intérêt et doit être complémentaire des autres. Par exemple, la voiture est un complément indispensable des transports en commun sur le premier ou le dernier kilomètre. D’où la dock dock : une voiture qui a 50 kms d’autonomie, et qui se déplace à 25 kms/h.

2010-11-23
Architecture & Urbanisme
Interview : Jean-Paul Albertini, Directeur de la SEMEAEST

Jean Paul Albertini est directeur général de la SEMEAEST, en charge de l'aménagement de la Zac Pajol. Il a accepté de répondre à nos questions sur le projet en cours.

JPA - Le projet est assez ancien dans la mesure où il est né dans l'opposition du projet initial qui prévoyait de raser les bâtiments existants pour construire de nouveaux logements dans un quartier déjà très dense. Il y avait un très fort blocage des élus et des associations de quartier. Après 2001 et l'arrivée d'une nouvelle équipe à la Mairie de Paris, Pajol s'est définie par la réhabilitation des anciens bâtiments et l'installation d'équipements publics et privés pour offrir une mixité fonctionnelle. Très vite, on a décidé d'aller le plus moins possible dans cette démarche environnementale, notamment en matière d'énergie et de gestion de l'eau.

EF- Alors qu'il n'y a pas aujourd'hui véritablement de définition précise de l'écoquartier, on peut lire sur le site de la Marie du 18ème que la Zac a été « labellisée ». De quelle légitimité dispose cette labellisation?

JPA - La labellisation vient de la ville de Paris. Le programme répond aux exigences de l'Agenda 21 puisqu'il s'inscrit dans une démarche forte de développement durable qui s'organise autour de critères environnementaux, sociaux et économiques. Nous avons pensé l'environnement de façon transversale, c'est véritablement le prisme qui inclut le social et l'économique.

EF - Comment s'est organisée la concertation entre les différents acteurs du projet (élus, habitants, associations)?

JPA - Au préalable, ce projet est né, de façon informelle, de la mobilisation des acteurs locaux et des élus de gauche. Cette première mobilisation a facilité la mise en place de la concertation. La volonté de repartir sur de nouvelles bases, de garder les bâtiments déjà existants, de favoriser le développement d'équipements plutôt que d'installer de nouveaux logements, tout cela a été co-défini avec les habitants et les associations de quartier.

EF - Comment s'est opéré le choix des énergies renouvelables à privilégier pour les différents bâtiments?

JPA - On a privilégié les possibilités offertes par le site. Au niveau du réseau chaleur, nous avons eu l'accord de la Ville et de la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain ) pour récupérer leur réseau de chaleur urbain (dont les ambitions prévoient 60% d'énergie propre en 2010). Aussi, nous avons donné une grande place à l'énergie solaire à travers la mise en place de panneaux photovoltaïques privilégiés par un cadre parfait : orientation sud, inclination à 30 degrés, aucune ombre portée. 300 m² de panneaux solaires thermiques (halle et collège) sont prévus pour compléter le réseau chaleur de la CPCU.

EF - La démarche sociale est un élément fondamental d'un écoquartier. Que proposez-vous pour favoriser cette démarche?

JPA - Tout d'abord, nous avons mis en place une close d'insertion sur tous les chantiers de la Zac qui offre 5 à 10 % des heures travaillées pour les demandeurs d'emploi. Une démarche qui a permis l'embauche de 3 salariés en CDI par des entreprises de travaux.

De plus, la démarche sociale s'illustre par le choix des équipements sportifs et culturels. Plus globalement, la mixité sociale est réalisée avec la présence de l'I.U.T ( 500 d'étudiants) et le pôle d'activité (250 à 300 salariés).

Ces équipements contribueront à repositionner le quartier et permettre une meilleure insertion sociale.

EF - Quel est le projet économique de la Zac? Cette nouvelle zone va t-elle permettre de créer de nouveaux emplois? Si oui, de quels types et dans quelle proportion?

JPA - Le  pôle d'activité devrait être livré fin 2011 et a été conçu pour être modulable. Rien n'a encore été décidé au niveau des sociétés qui viendront s'installer dans cet espace, aucune règle précise n'a été émise en ce sens, on voulait quelque chose d'ouvert. On ne peut pas aujourd'hui quantifier strictement le nombre d 'emplois qui seront crées mais une chose est sûre, il y aura 5 000 m² en plus pour l'emploi dans le18ème arrondissement.

EF - Une grande place a été laissée aux jardins et aux espaces verts, avec notamment un jardin partagé. Pourquoi ce choix?

JPA - La demande importante en espaces verts vient des habitants eux-mêmes et a été prise en compte par les élus. Le 18ème est un arrondissement très dense avec une très forte concentration de logements. Il y aura donc des espaces verts en extérieur et couverts sous la halle ainsi qu'un jardin partagé pour fin 2012.

EF - Quel est l'ambition de ce projet?

JPA - L'objectif principal est de rééquilibrer ce quartier, longtemps délaissé, sur les besoins des habitants en terme d'équipements. L'idée est donc de contribuer à offrir une mixité fonctionnelle en allant loin dans la démarche environnementale et de proposer un projet ambitieux au coeur d'une ville dense.

2009-09-28
Architecture & Urbanisme
Trois questions à Laurence Baudoin, architecte

Cofondatrice avec Hélène Bergeron de l'agence Baudoin-Bergeron, Laurence Baudoin a conçu ce qui sera le premier immeuble à énergie positive parisien. Les Ecofaubourgs l'ont interrogée sur ce projet ambitieux...

Quelles énergies renouvelables avez-vous favorisées ? Dans quelles proportions ?

LB. La production d'énergie est assurée par 187 m² de panneaux solaires photovoltaïques inclinés à 10%. Cette installation produit dans l’année 54 675 kWh ep / an, soit une production un peu supérieure à l'énergie dépensée sous le toit. La surface de toiture étant relativement faible et l'ensoleillement peu intense en région parisienne, nous avons privilégié une enveloppe du bâtiment particulièrement performante. La façade bois, l'isolant, le triple vitrage ont été mis en place dans ce but. Le bâtiment est très compact avec des saillies non habitées, et cette compacité maximale évite toute déperdition. Par ce biais, l'énergie primaire (chauffage et électricité) est assurée par les panneaux et la chaudière bois à condensation (eau chaude solaire en complément de la chaudière gaz). La ventilation est en simple flux.

Quel est le pourcentage du surcoût de ce type de bâtiment par rapport à un bâtiment plus « traditionnel » ? Selon vous, quels autres freins existent aujourd'hui au développement des bâtiments à énergie positive ?

LB. Le surcoût est d'environ 20% par rapport à une opération plus "standard". Ce pourcentage ne peut être très précis car il dépend des prescriptions techniques retenues. Je pense qu'aujourd'hui le coût financier reste l'obstacle principal au développement de ce type de bâtiment, notamment en région parisienne où la forte densité du tissu urbain reste assez contraignante. Les investisseurs rentrent par la suite dans leurs frais grâce aux économies d'énergie mais cela demande du temps.

Quelles étaient les conditions préalables posées par ce concours ? Selon vous, pourquoi et comment avez-vous fait la différence par rapport aux 6 équipes pré-sélectionnées ?

LB. L'objectif principal était d'atteindre un bilan d'énergie positive pour un ensemble d'une vingtaine de logements sur 1500 m2 avec un budget de 3,3 millions d'euros. La sélection s'est opérée sur plusieurs critères. Tout d'abord par le choix architectural que nous avons proposé. L'insertion urbaine, la qualité du fonctionnement, la qualité spatiale intérieure (les grands logements sont traversants avec des terrasses à l'ouest) ont plu aux jurés. Les parties communes sont agréables, l'escalier est éclairé afin que les habitants n'aient plus envie de prendre l'ascenseur. De plus, les choix techniques ont été appréciés car nous avons privilégié des matériaux simples (chaudière à gaz, un système de ventilation en simple flux). C'était rassurant pour le maître d'ouvrage qui n'était pas inquiété par une technologie trop poussée qui aurait demandé un entretien complexe. L'objectif était très ambitieux, le thermicien, BET Thermique, a joué un rôle très important. Ce fut un vrai travail d'équipe.

2009-07-29
Architecture & Urbanisme
Les maires urbains plébiscitent le développement durable

Selon un sondage CSA-Dexia, les maires des communes urbaines citent le développement durable comme l'un des enjeux forts de leur mandature.

A la question : "Parmi les politiques municipales suivantes, quelles sont celles que vous définissez comme prioritaires dans le cadre de votre nouveau mandat ?", les maires interrogés donnent les réponses suivantes :

  • 50% citent en premier lieu le développement économique de leur commune et l'emploi
  • 39% définissent l'accès au logement comme prioritaire
  • 37 % veulent améliorer la qualité de l'environnement urbain, notamment via la création de nouveaux espaces verts
  • 25% souhaitent s'engager dans une politique énergétique économe et mettre en oeuvre le développement durable dans leur commune

Avec un tel programme, il ne fait aucun doute que les Ecofaubourgs sont promis à un bel avenir...

2008-07-06