Comme son nom l’indique, Energies désespoirs s’organise autour d’une polarité. D’un côté, le constat désespérant d’une crise aux manifestations multiples : changement climatique, effondrement de la biodiversité, surexploitation des ressources, pollution des sols et des eaux, concentration des pouvoirs (de nuisance, souvent) dans les mains d’une poignée de multinationales, inaction sinon trahison des gouvernants. De l’autre, une myriade d’initiatives énergisantes et inspirantes : inscription dans le droit d’un fleuve ou d’un grain de riz, actions en justice, luttes collectives contre les “grands projets inutiles”, création de lieux écologiques et solidaires ou de monnaies locales… Pour Nicolas Delon d’Encore Heureux, il s’agit de cerner, à travers une démarche scientifique et collaborative, “ce qui nous effondre et ce qui nous dit que tout n’est pas perdu”. En quelque sorte d’allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté.
Au Centquatre (Paris), cette ambition donne lieu à une exposition conçue comme une forêt de signes. Sur des panneaux en bois recto-verso, au format indexé sur le ratio des sucettes publicitaires, se déploient 120 images peintes à la main par l’artiste Bonnefritte dans la pure tradition des affichistes. La moitié d’entre elles sont en noir et blanc et énumèrent les nombreux motifs d’inquiétude. L’autre moitié, en couleur, égrène au contraire les “solutions” aux crises, le plus souvent locales et ciblées. Superbes et fortes, les images produites optent pour la simplicité, l’impact immédiat, voire le slogan (plusieurs affiches reprennent d’ailleurs divers slogans glânés dans les manifestations). Elles dressent un catalogue divers et infiniment vaste et déploient un large éventail de sujets, depuis la convention citoyenne pour le climat jusqu’à la création d’urnes funéraires biodégradables à enfouir en forêt.
Minimale et écolo par son usage de la lumière naturelle et du bois, la scénographie invite ainsi les visiteurs à parcourir librement, sans parcours défini, un espace foisonnant mais trouble, presque en suspens. Dans l’une des salles du Centquatre, un mur d’expression libre invite d’ailleurs les visiteurs à compléter le dispositif en partageant leurs constats et leurs propositions, comme pour mieux suggérer que l’inventaire des problèmes et des solutions reste ouvert, en invention. “Nous ne prétendons pas proposer une voie unique qu’il faudrait impérativement suivre, mais un vaste et varié champ des possibles, qui tous convergent néanmoins vers l’idée de la nécessité de réorienter l’habitation humaine de la Terre”, explique le géographe Michel Lussault, de l’école urbaine de Lyon, dans l’élégant ouvrage publié comme prolongement de l’exposition dans la toute jeune collection "À partir de l’anthropocène” des éditions 205.
Le caractère volontairement épars, sinon éparpillé, de cette “forêt des possibles” a ceci de judicieux qu’il reflète à la fois l’égarement contemporain et le caractère foisonnant des initiatives destinées à “réparer” le monde. Il dit aussi l’oscillation entre effondrement et sursaut. Il fait cependant regretter une approche plus ouvertement performative du sujet. “La peinture pense”, expliquait certes Michel Lussault le jour du vernissage de l’exposition. Mais le choix d’emmener la peinture du côté de l’affiche, du slogan, de l’image persuasive, incline le visiteur à attendre d’elle qu’elle agisse et mette le visiteur en mouvement. A cet égard, la description de 120 périls et solutions ne fait que répéter, certes en beauté et avec talent, ce qu’on sait déjà (les exemples choisis sont archis connus). Au sortir de l’exposition, on en vient ainsi à se demander s’il ne faut pas prendre à revers le propos de Michel Lussault rapporté plus haut, et si l’effondrement en cours ne mériterait pas plus qu’un catalogue de recettes plus ou moins réplicables, plus ou moins judicieuses, mais au contraire une feuille de route commune, à suivre impérativement...
Infos pratiques :
“Energies désespoirs ”du 29 mai au 1er août 2021
Gratuit sur réservation obligatoire
https://www.104.fr/fiche-evenement/encore-heureux-energies-desespoirs.html
Dans les sociétés contemporaines, la mobilité est une valeur, sinon un idéal. Se déplacer, bouger, voyager (si possible loin), est vu comme un gage d’ouverture au monde, de réussite sociale et de liberté. C’est même un droit fondamental inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ici et là pourtant, ce mythe né au XIXe siècle se fissure. Il y a bien sûr la crise écologique : les transports pèsent lourd (de l’ordre de 30% en France) dans les émissions de gaz à effets de serre, et l’organisation spatiale née de la massification automobile obère toute possibilité de transition à court et même à moyen terme. Il y a aussi la différentiation sociale et spatiale qu’opère la possibilité ou non d’aller et venir librement – la crise des migrants et celle des gilets jaunes l’illustrent chacune à leur manière. Au point que le géographe Tim Creswell écrivait en 2016 dans Ne pas dépasser la ligne ! : « La mobilité des uns dépend de l’immobilité des autres. »L’exposition Mobile/Immobile aux Archives nationales n’est pas de nature à réhabiliter ce « fait social total » qu’est la mobilité, ni à plaider pour un modèle (et un mode de vie) fondé à plus de 90% sur l’extraction pétrolière. Organisée par le Forum Vies Mobiles, elle synthétise les collaborations d’artistes et de chercheurs en sciences sociales suscitées par ce think tank depuis 2011, pour mieux plaider – dans la dernière partie surtout – la nécessité d’une décélération. L’ambivalence des mobilités contemporaines s’esquisse en effet dès le seuil de l’exposition, avant même qu’on n’en parcoure les quatre sections.A droite des escaliers, une série de planches de bandes dessinées conçues par Jean Leveugle à partir de textes d’Emmanuel Ravalt, Stéphanie Vincent-Geslin et Vincent Kaufmann (par ailleurs commissaire scientifique de Mobile/Immobile) décrit quatre « tranches de vie mobile », dont celles de Gaby, infirmière et mère célibataire contrainte à d’interminables trajets quotidiens par des contrats précaires, et de Jean, commercial ravi de voler de gare en aéroport. Si leurs regards se croisent furtivement dans le RER, toute autre forme de rencontre serait entre eux impossible : leur expérience de la mobilité – l’une contrainte, l’autre choisie – et la condition qui en découle les éloigne radicalement. De l’autre côté de l’escalier qui mène aux salles d’exposition, la même dialectique se fait jour dans les photographies de Vincent Jarousseau : initiateur pendant la dernière campagne présidentielle d’une série à Denain, dans le Nord, il défait l’idée qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot, et montre au contraire l’harassant quotidien de livreurs et de chauffeurs routiers, dont l’un apparaît d’ailleurs, sur les derniers clichés, vêtu d’un gilet jaune.
Après cette entrée en matière, la première section de l’exposition retrace la genèse d’un modèle économique et social dont la mobilité est la valeur cardinale. Pour ce faire, elle réunit d’abord une collecte photographique de 82 clichés amateurs pris en Chine entre 1960 et aujourd’hui. Le pays a effet vécu en accéléré les bouleversements qui ont conduit l’Occident, dès le 19e siècle, à valoriser la vitesse – au point d’accorder le design d’objets ménagers (dont le fameux presse agrume de Starck) aux formes nées de l’aérodynamisme ferroviaire et aérien. Elle montre surtout comment l’automobile remodèle l’espace dès l’entre-deux-guerres via la mise en œuvre du « zonage » prôné par le fonctionnalisme. A cet effet, l’accrochage confronte le Plan Voisin conçu par le Corbusier en 1925 à la représentation rétrofuturiste qu’en propose Alain Bublex. Des grands ensembles à l’étalement urbain, c’est tout l’aménagement urbain qui se plie désormais aux déplacements motorisés – au risque de l’uniformisation, comme le montre la série photographique « Espace-Construction » conçue entre 2002 et 2005 par Claire Chevrier.Mais la massification de l’automobile à l’échelle planétaire n’équivaut pas mobilité généralisée, bien au contraire. La deuxième section de Mobile/Immobile montre au contraire comment s’organisent des formes différentiées de mobilités, selon qu’on est homme d’affaire ou migrant, riche ou pauvre, Blanc ou Noir. Née d’une collaboration avec Tim Creswell, la série photographique « Ne pas dépasser la ligne ! » de Géraldine Lay révèle le tri qui s’opère à l’aéroport de Schipol (Amsterdam) et dans la gare du Nord entre les différentes catégories de voyageurs. Si Laura Henno reconstitue avec les migrants de Calais les étapes de leur périple dans une veine quasi épique, Ai Weiwei dévoile dans Réfugiés connectés (2017) le rôle crucial que les migrants assignent aux téléphones mobiles. Du reste, un aperçu des listes et des fiches conservées dans les Archives souligne que ce traitement différencié n’est pas un fait nouveau : mis en œuvre dès le Moyen-âge, le contrôle des populations mobiles (soldats, vagabonds, esclaves, etc.) se rationalise et se complexifie au 19e siècle, jusqu’à la généralisation du passeport et de la carte d’identité pendant la Première guerre mondiale.
Après un « sas » de transition dédié à la série « Néonomades » de Ferjeux Van Der Stigghel, Mobile/Immobile plonge ensuite dans les modes de vie contemporains, et s’intéresse tout particulièrement à la façon dont les mobilités dites réversibles (celles qui utilisent la vitesse et les objets connectés pour joindre des lieux distants sans perte de temps) reconfigurent nos relations aux territoires. Intitulée « des vies mobiles entre ville et campagne », cette troisième section explore d’abord l’espace périurbain européen et américain à travers les photographies de Marion Poussier, Patricia Di Fiore, Olivier Culmann et Jürgen Nefzger. Elle montre aussi la série « Suivre la piste du rail indien » d’Ishan Tankha, qui montre les voyageurs reliant Mumbai, mégalopole surpeuplée, aux régions côtières du Konkan, pour mieux nuancer l’idée d’un exode rural irréversible. Au gré de l’accrochage, cette continuité entre ville et campagne cède peu à peu la place à un monde entièrement urbanisé : les photographies de Tim Franco et l’installation de Wang Gongxin illustrent chacune à leur façon l’accélération des modes de vie en Chine, tandis que Sylvie Bonnot confronte le lent trajet du transsibérien aux déplacements pressés de la foule tokyoite.La solitude et l’anomie qui se dégagent de ces œuvres dispose naturellement le spectateur à aborder la dernière section de Mobile/Immobile. Résolument prospective, celle-ci ouvre sur cette question cruciale : Et demain ? Accélérer ou ralentir ? Une question que ne justifie pas seulement la lutte contre le changement climatique, mais plus largement les aspirations de nombre d’entre nous : selon une étude conduite en 2015 par le Forum Vies mobiles dans 6 pays, 8 personnes sur 10 souhaiteraient ralentir. A cet effet, Caroline Delmotte et Gildas Etevenard donnent à voir ce que pourrait devenir la région parisienne si elle devenait en 2050 une « bio-région ». Soit une série d’espaces verdoyants et productifs, qui contrastent singulièrement avec une version dystopique des mêmes lieux en cas de poursuite des modes de vie actuels. Marie Velardi propose quant à elle une « salle de décélération » accordée au rythme lunaire. Et pour clore l’exposition, Elinor Whidden nous invite à renouer avec la marche des Amérindiens sur les pistes, et à bricoler d’autres moyens de transport, dont la lenteur s’abouche avec la poésie. Tout un programme…
Mobile/Immobile : artistes et chercheurs explorent nos modes de vie, du 16 janvier au 29 avril 2019
Une exposition du Forum Vies mobiles aux Archives nationales - 60 rue des Francs-bourgeois 75003 Paris
Du lundi au dimanche (fermé le mardi)En semaine: 10h00-17h30 /Samedi et dimanche : 14h00-17h30Plein tarif : 8 €, tarif réduit : 5 €
Métro : Ligne 1 et 11 Arrêt Hôtel de ville / Ligne 11 Arrêt Rambuteau
Du rouge à lèvres, des pastels gras, un pot de peinture acrylique, et même une boite de Doliprane… A la Halle aux Sucres à Dunkerque, l’exposition « Or noir – ruée – marée – virage » dissémine dans les espaces d’exposition une collection d’objets aussi hétérogènes que banals. Leur point commun ? Ils intègrent tous dans leur composition un pourcentage plus ou moins élevé de pétrole. Cet inventaire du quotidien est éloquent : il pointe l’omniprésence de « l’or noir » dans nos sociétés, bien au-delà des combustibles auxquels on associe spontanément cette énergie fossile. Difficile dans ces conditions d’envisager ce que pourrait être une société post-carbone. C’est à ce défi que s’affronte Carola Hein, commissaire de l’exposition « Or noir » : avec le concours de ses étudiants, de ceux des Beaux-arts de Dunkerque et de SciencesPo Lille, cette professeure et directrice de chaire du département d’Histoire d’architecture et d’Urbanisme de l’Université de Delft (Pays-bas) esquisse à la Halle aux sucres quelques « visions du futur », où l’alimentation, le transport, l’activité économique ou les loisirs ne seraient plus tributaires de l’extractivisme pétrolier. Une entreprise nécessaire, à l'heure où le pic pétrolier et le dérèglement climatique, mais aussi les tensions géopolitiques et les pollutions générées par l'extractivisme plaident pour un virage à 180°, c
Si l’exposition affiche une visée prospective, sinon utopique, elle commence par un examen de ce qui a conduit nos sociétés à un tel degré de dépendance. « Pour se défaire du pétrole, on a besoin de comprendre comment il a transformé notre environnement depuis 150 ans », plaide Carola Hein. Sous forme d’une chronologie et de panneaux dédiés aux stratégies cyniques des grands groupes pétroliers, la Halle aux sucres esquisse ainsi une histoire de l’exploitation pétrolière, qui se prolonge, au musée portuaire de Dunkerque, dans l’exposition « Oily days ». Le pétrole, rappelle celle-ci, est connu dès l’Antiquité. Il est alors utilisé dans le cadre de rites religieux, et entre vraisemblablement dans la composition des fameux feux grégeois. Il faut toutefois attendre la Révolution industrielle pour le voir s’imposer progressivement comme source d’énergie et comme carburant de l’économie mondiale. Les premiers gisements sont découverts en 1858 à Oil Springs au Canada et à Titusville en Pennsylvanie. Douze ans plus tard, J.D Rockfeller fonde Standard Oil et commence à étendre son empire sur le monde, même si la découverte de gisements à Bakou en 1871 marque très tôt l’entrée en scène d’un autre géant pétrolier : la Russie. En 1900, deux firmes dominent ainsi le marché mondial : la Standard Oil américaine et le Branobel russe créé par les frères Nobel en 1876. Dans ce contexte, l’Europe cherche à exister : les Pays-bas créent la Royal Dutch Shell pour exploiter le pétrole indonésien, l’Angleterre l’Anglo-persian oil, à l’origine de la future BP, la Belgique PetroFina et la France la Compagnie Française des pétroles (CFP). Ces deux dernières sont à l'origine du groupe Total.
Mais après la ruée vers l’or noir, vient le temps du doute : en 1960, la fondation de l’OPEP rebat les cartes de l’exploitation pétrolière mondiale et, treize ans plus tard, la guerre du Kippour provoque le 1er choc pétrolier. Suivront les marées noires (Amoco Cadiz en 1978, Erika vingt ans plus tard, Deepwater horizon en 2010…), la Guerre du Golfe, les premières alertes sur l’impact climatique des énergies fossiles et la découverte de « continents de plastique » liés à la pétrochimie. A Dunkerque, pétrole rime aussi avec désindustrialisation : en 2010, Total y ferme la raffinerie des Flandres, 800 emplois sont perdus. Si « l’or noir » a cessé d’incarner le progrès, c’est enfin que les compagnies pétrolières sont aujourd’hui des multinationales puissantes, dont l’opacité financière surpasse encore, si c’est possible, le désastreux impact environnemental. Dans Le Totalitarisme pervers (éditions Rue de l’échiquier, 2017), Alain Deneault démonte ainsi terme à terme le mythe selon lequel Total serait « une société pétrolière française ». « Elle est bien davantage devenue un pouvoir, explique-t-il, une autorité souveraine qui se distingue des Etats, les domine, les investit ou les instrumentalise pour arriver à ses fins : régner. » Un coup d’œil à l’actualité confirme largement le propos : après le scandale provoqué par l’importation d’huile de palme par le géant pétrolier dans la bio-raffinerie de la Mède – le tout avec l’aval du gouvernement français – un arrêté vient de l’autoriser à mener une campagne de forage au large de la Guyane. Le tout dans un contexte de tensions et de menaces de blocage liés à l’augmentation du prix de l’essence. Il faut dire qu’hors des métropoles, lesquelles sont désormais inaccessibles aux bas-salaires, toute alternative à la voiture a de longue date été détruite.
Tout plaide donc pour un virage. Mais comment s’y prendre ? A la Halle aux sucres, une série de panneaux esquisse les scénarios possibles d’un monde sans pétrole, en ancrant cet effort prospectif dans le territoire dunkerquois. Susie Cox imagine ainsi un système alimentaire fondé sur les circuits courts et la transformation des déchets en biogaz, et Casper Kraii suggère une « ferme ambulante » dont les denrées seraient distribuées via le réseau ferré. Ege Cakir aborde quant à lui la dépollution des sols et de l’eau : il décrit de grands « animaux » autonomes écumant l’ancienne raffinerie Total pour faire du nettoyage du site un événement public. L’exposition présente aussi les travaux de Lea Scholze et Gemma Galeno, qui imaginent quels pourraient être les matériaux de construction utilisés dans une société post-pétrole. La production de mycélium, suggère la première, pourrait alors remplacer le plastique. La seconde préconise d’utiliser le bambou, et invente un nouveau système d’attache composé de ce matériau. Et l’énergie ? Joséphine Gebbie propose de la produire grâce à une ressource on ne peut plus abondante à Dunkerque : l’eau. Technologie balbutiante, l’énergie marémotrice pourrait ainsi couvrir les besoins de la ville.Evidemment, ces propositions ont des airs de science-fiction. Elles n’en soulignent que mieux cette évidence : la sortie du pétrole dépend de notre capacité à mobiliser toutes les ressources de l’imagination… Raison pour laquelle l’exposition Or noir s’accompagne, jusqu’au 16 juin 2019, d’une série de conférences explorant les alternatives aux énergies fossiles.
C’est dans l’amphithéâtre comble du siège de Paris Habitat que l'Agence de la Biodiversité en Ile de France avait invité les professionnels intéressés par la gestion écologique des espaces verts pour remettre leurs diplômes Ecojardin aux 34 nouveaux labellisés Ecojardin et présenter pendant une journée entière différents retours d’expérience.Le label a été lancé en 2012 pour certifier la gestion écologique des espaces paysagers français. Il est supervisé scientifiquement par l’association Plante & Cité et animé par l'Agence de la Biodiversité en Ile de France. Dans la dynamique du plan Ecophyto, le référentiel comporte sept domaines relevant de la gestion d’un espace vert : planification et gestion du site, sol, eau, faune et flore, mobiliers et matériaux, matériels et engins, formations des jardiniers et accueil du public. Au-delà du processus de labellisation, le référentiel est un guide de bonnes pratiques et donc un outil d’amélioration continue pour les jardiniers et gestionnaires de ces espaces. Sur la base de la visite d’un auditeur (organisme externe indépendant) et du dossier technique du candidat, le comité de labellisation accorde ou non le label pour une période de 3 ans (5 ans en cas de renouvellement). En 2017, 128 sites ont été labellisés ou renouvelés, ce qui porte à 392 le nombre des sites EcoJardin en France.Le label ne se cantonne pas aux parcs et jardins publics (même s’ils représentent 66 % des labellisés) mais à tous les types d'espaces verts ouverts au public - publics ou privés. Il concerne ainsi les espaces naturels, les cimetières, les terrains de sport, les jardins partagés ou ouvriers, les espaces verts des bailleurs sociaux ou encore ceux des entreprises ou des lieux d’hébergement de vacances.Cette labellisation vient souvent consacrer une démarche initiée plusieurs années auparavant, souvent avec l’arrêt de l’utilisation de produits phytosanitaires. Dans les cimetières par exemple, le désherbage chimique a été remplacé dans un premier temps par un désherbage manuel ou mécanique mais aujourd’hui une étape supplémentaire a été franchie : on ne lutte plus contre le végétal, on le gère. De sorte que les cimetières, oh combien minéraux, se transforment en parcs végétalisés. Comme le citait avec beaucoup d’humour l’un des témoins de la remise des diplômes : « Quitte à manger les pissenlits par la racine, autant qu’ils soient bio ! ».Cette journée Ecojardin présentait des retours d’expérience portant sur des espaces verts divers et variés, voire atypiques. Parmi eux, le Jardin du monastère de Cimiez à Nice avec ses contraintes de « jardin de patrimoine », les cimetière de la Chartreuse de Bordeaux et Toutes Aides à Nantes, le site du champ captant des Gorgets géré par Suez à Dijon, le lycée agricole Coutances Métiers Nature, le Parc de la Pépinière à Nancy ou encore le verger partagé Essen‘Ciel à Grenoble.Chez les bailleurs sociaux, Paris Habitat présentait sa résidence du groupe Villiot Rapée dans le 12ème arrondissement parisien et Effidis son site Les Folies de Choisy le Roy. Dans leur cas, il faut autant former les équipes internes que les prestataires espaces verts à cette nouvelle gestion écologique. Une révolution culturelle qui implique d’informer les locataires, d’autant que cette prestation leur est facturée dans les charges locatives. La création d’un jardin partagé peut être un bon moyen de les aculturer aux nouveaux aspects des espaces (massifs paillés, prairie fleurie, fauche tardive…) et de les impliquer dans cette révolution verte.
Inconfort des automobilistes, effet des microparticules sur la santé, et des émissions de CO2 sur le changement climatique, baisse de l’efficacité économique due au ralentissent de la production de valeur… On n’en finit plus d’énumérer les problèmes liés à la congestion routière en ville. A l’échelle individuelle, le temps perdu dans les embouteillages augmente chaque année : il représente 15 à 41 minutes par jour alors que l’offre de mobilité n’a jamais été aussi importante (auto-partage, transports en communs, plateforme de co-voiturage, flotte partagée…). Pour ce qui est de la mobilité des personnes dans leur trajet pendulaire domicile-travail, force est de constater que la voiture est toujours privilégiée avec une tendance forte à l’autosolisme. Alors que le co-voiturage grand public connaît un fort développement, le co-voiturage domicile-entreprise ne décolle pas, et plafonne à une moyenne de 1.07 personnes par voiture.
En matière de mobilité dans le cadre professionnel, les solutions sont pourtant nombreuses. Parmi les intervenants aux tables rondes du Salon Produrable, Info Trafic propose depuis 17 ans aux entreprises des affichages dynamiques qui permettent aux salariés de faire des arbitrages de multi-modalités pour réduire leur temps de transport. Weepil a créé une application qui organise des groupes de co-voiturage réguliers durables. Celle-ci crée automatiquement les plannings de tours de rôles tenant compte des contraintes des uns des autres (loisirs, temps partiel…) avec une actualisation permanente en fonction des impondérables de dernière minute, qui sont souvent cités comme l’un des freins les plus forts. Enfin Bemobi, filiale de La Poste (l’un des premiers employeurs de France avec 250 000 collaborateurs), accompagne la mise en place de Plans de Déplacement en Entreprise. Ces PDE devraient se multiplier : l’article 51 de la Loi sur la Transition Energétique pour la Croissance Verte dispose que, dans le périmètre d’un Plan de Déplacements Urbains, toutes les entreprises regroupant plus de 100 salariés sur un même site doivent élaborer un plan de mobilité d’ici le 1er janvier 2018 pour améliorer la mobilité de leur personnel et encourager l’utilisation des transports en commun et le recours au covoiturage. La dirigeante de Bemobi insiste sur l’importance de l’accompagnement humain dans la mise en œuvre des PDE : il faut expliquer pourquoi on demande aux salariés ce changement de comportement, dédramatiser, faire tester des moyens de transport alternatifs et animer au long cours le programme.Le cas du vélo est intéressant. Alors que des millions de salariés français habitent à moins de 7 kms de leur entreprise, seuls 2% y vont à vélo. A titre de comparaison, ils sont 10 % en Allemagne et 50 % aux Pays-Bas. En France ST Microelectronics à Grenoble montre que c’est possible avec 400 vélos garés dans son garage !La bonne réponse tient donc dans la multi-modalité et l’inter-modalité, l’utilisation de technologies ad hoc, la mise en place de l’accompagnement. Et pourquoi pas l’échange des lieux de travail entre employés qui occupent le même poste : c’est ce que propose JobiLX.
Le flux de marchandises dans la ville génère lui aussi des embouteillages et représente de 25 à 50 % des polluants urbains dans un contexte où aucune autorité ne régule ces flux. Dopée par le développement rapide de l’e-commerce (+ 20% par an en France), la livraison des colis explose : on en livre aujourd’hui 500 millions par an en France et 1 million par semaine à Paris ! Le client veut en outre être livré de plus en plus vite (la livraison dans les deux heures n’est plus une utopie). Comportement schizophrénique car il redevient vite le citoyen qui ne supporte pas bruit, pollution et embouteillages de ces transports associés.La Poste, qui intervenait également sur ce thème, réfléchit à différentes solutions : rapprocher ses dépôts du centre alors que le coût du foncier les en a éloignés, créer des HLU (Hôtels Logistiques Urbains) qui mutualisent colis et livraisons de différents acteurs, choisir des propulsions plus propres pour ses véhicules (électrique, GNV, norme euro 6, agrocarburants et carburants de synthèse, moteurs hybrides…). Et pour le fameux « dernier kilomètre » la réponse peut être multiple : le client vient retirer lui-même son colis dans un réseau de point relais ou il lui est livré par un coursier à vélo (la Poste vient de racheter Stuart). Enfin, La Fabrique de la Cité, un think tank créé à l’initiative de Vinci, a présenté « feeding and fueling the city » trois scénarios prospectifs élaborés en 2016 pour repenser la logistique urbaine. Le premier, « la ville plateforme », répond à une vision régulée. Les collectivités reprennent en mains la construction d’une stratégie logistique territoriale en s’appuyant sur des centres de consolidation à la périphérie, des concessions logistiques de service public dans les arrondissements et un encadrement des livraisons et des utilisations de la voirie.Dans le deuxième, « la ville service », les collectivités laissent les acteurs économiques s’organiser dans un scénario « business as usual ». Faisant de plus en plus appel à la technologie, ce dernier propose une logistique mutualisée et optimisée en temps réel en s’appuyant sur l’ensemble des moyens logistiques disponibles. Quant au dernier scénario, « la ville territoire », il postule une rupture qui s’appuie sur une exploitation du potentiel productif (agricole comme industriel) du territoire sans prétendre à l’auto-suffisance et le développement de l’économie circulaire avec des citadins acteurs de cette évolution. Mais même si de nombreuses idées, solutions et expériences ont été évoquées lors du salon Produrable, il ne sera pas facile de sortir de l'addiction aux véhicules qui ont formaté nos villes et nos vies.
Il se passe décidément quelque chose dans le monde de l’architecture : un peu plus d’un mois après l’attribution du prix Turner au collectif anglais Assemble pour sa participation à la réhabilitation d’un quartier déshérité de Liverpool, c’est un autre professionnel socialement engagé que le jury du Pritzker prize, le plus prestigieux prix d’architecture au monde, a décidé de primer le 13 janvier 2016. A 48 ans, l’architecte chilien Alejandro Aravena, qui est le quatrième latino-américain à recevoir la récompense, tranche en effet sur les « starchitectes » précédents nommés, de Jean Nouvel à Shigeru Ban. « Alejandro Aravena a expérimenté une pratique collaborative qui produit des œuvres architecturales puissantes, mais qui embrassent les grands enjeux du vingt-et-unième siècle, a expliqué Thomas J. Pritzker lors de la remise du prix. Ses réalisations offrent des solutions économiques aux moins privilégiés, atténuent les effets des catastrophes naturelles, réduisent les consommations d’énergie, et proposent des espaces publics accueillants. Innovant et inspirant, il montre comment l’architecture la meilleure peut améliorer la vie des gens. »
"Alejandro Aravena a expérimenté une pratique collaborative qui produit des œuvres architecturales puissantes, mais qui embrassent les grands enjeux du vingt-et-unième siècle." Thomas J. Pritzker
Concepteur de bâtiments basse consommation adaptés aux contraintes climatiques locales à l’université catholique du Chili à Santiago, il est surtout depuis 2001 la tête pensante de l’agence ELEMENTAL, un « do tank » engagé notamment dans la construction, au cœur des favelas, de logements sociaux évolutifs et participatifs. Son crédo ? « La moitié d’une bonne maison vaut mieux qu’une petite maison. » « Quand le financement est insuffisant, écrivait-il en 2014 dans Réenchanter le monde : l’architecture et la ville face aux grandes transitions (ouvrage publié sous la direction de Marie-Hélène Contal aux éditions Alternatives), la bonne réponse n’est pas nécessairement de réduire (la taille et la qualité). Il faut reformuler le problème et penser en termes d’architecture constructive. Dans cette optique, l’auto-construction peut cesser de représenter un handicap et devenir une partie de la solution. »
Pour faire face aux contraintes financières qui grèvent l’habitat social et informel, Alejandro Aravena a conçu plus de 2 500 logements « incrémentés » : « L’habitat incrémenté doit être planifié, poursuit l’architecte. Se pliant au bon sens et à la loi du moindre effort, la forme initiale doit prévoir comment l’autoconstruction permettra à une famille d’accéder au niveau de la classe moyenne. A Elemental, nous identifions un ensemble de paramètres architecturaux qui intègrent la future expansion de l’habitat. »
"Quand le financement est insuffisant, la bonne réponse n’est pas nécessairement de réduire (la taille et la qualité). Il faut reformuler le problème et penser en termes d’architecture constructive." Alejandro Aravena
Ainsi, tandis que l’équipe architecturale intervient pour bâtir les fondations mais aussi pour informer et former les destinataires des logements sociaux (il s’agit notamment de les alerter sur les contraintes de structure et les mesures de sécurité à respecter), le soin des finitions et de l’habillage (dont dépendra la plus-value future) est confié à ces derniers. La structure des bâtiments prend en compte, dès la conception, les extensions à venir, et l'architecture mobilise volontiers le préfabriqué pour réduire les coûts et les délais de livraison. En somme, Elemental prend à sa charge la moitié de la construction, l’autre étant laissée aux soins des familles. L’avantage d’un tel mode constructif n’est pas seulement financier : il permet aussi d’éviter la standardisation de mise dans l’habitat social, en donnant aux habitants la possibilité de customiser leur logement selon leur goût, et ainsi de mieux s’y identifier.En rupture avec l’approche classique du logement informel et social, cette manière d’associer les habitants à la conception de leur environnement bâti n’est sans doute pas étrangère au fait qu’Alejandro Aravena ait été désigné comme le commissaire de la quinzième biennale d’architecture, dont l’inauguration est prévue en mai 2016 à Venise. Significativement intitulée « des nouvelles du front », celle-ci s’annonce en effet comme très politique…
Ré-enchanter le monde : l’architecture et la ville face aux grandes transitions, sous la direction de Marie-Hélène Contal, éditions Alternatives, 2014, 160 pages, 17 euros
A deux pas de la Gare du Nord, au sein de l’auberge de jeunesse St Christopher’s Inn et du bar Belushi’s, le projet Place to B s'installe tout au long de la COP 21, Né à l’initiative d’Anne-Sophie Novel, docteur en économie, journaliste et blogueuse, The Place to B rassemble dans un même lieu 500 personnes venues du monde entier dans le but de les inviter à élaborer ensemble un récit mobilisateur autour des questions liées au climat. Durant toute la durée de l'événement, une « communauté de narrateurs » (blogueurs, journalistes, artistes, développeurs, citoyens, experts et membres d'ONG) viendront ainsi confronter leurs idées et apporter leur contribution au débat. « Mon expérience à Copenhague en 2009 m'a fortement inspiré cette idée, , explique Anne-Sophie Novel : trouver un endroit central dans Paris qui pourrait accueillir aussi bien le grand public que des journalistes ou des artistes pour tenter d'intéresser les gens à ce sujet. C'est un véritable challenge ».Au programme ? Des ateliers, des émissions et des débats, retransmis pour la plupart en vidéo sur leur site web avec en fil rouge l'envie d'inventer de nouveaux formats et contenus à travers des discussions : « Il faut inventer autre chose pour évoquer l'agriculture, la biodiversité ou la question du climat et des océans », explique Joe Ross en charge de la programmation. Parmi les temps forts à ne pas manquer : The Place to Brief, une émission en direct d’un nouveau genre organisée chaque soir entre 18 heures et 20 heures mais aussi un « fablab » orchestré par des créatifs et de « makers », des sessions concerts, films…L'objectif : Associer « travail collectif et moments de divertissement, sessions de brainstorming et de détente. »En savoir plus : http://www.placetob.org/fr/la-programmation/
Destiné au grand public, Solutions COP21 est une exposition portée par le Comité 21 et le Club France Développement durable qui se tient du 4 au 11 décembre au Grand Palais de Paris. 200 personnes issues des milieux associatifs, scientifiques, universitaires, institutionnels, des TPE/PME, grands groupes et des collectivités territoriales présenteront au grand public leurs solutions climat. 50 000 visiteurs sont attendus pour participer à des conférences, des ateliers, des concerts, des films et des soirées. Au menu : 12 artistes en résidence, 1 200 m2 d’ateliers ludiques et pédagogiques pour les plus jeunes et plus de 350 conférences. Un grand débat « Guerre, Paix, Climat » aura lieu le 5 décembre à 14h en présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles Nicolas Hulot, Christiana Figueres, Michel Rocard ou Hubert Védrine.Autres rendez-vous à noter : la Nuit de l’Innovation le 4 décembre à partir de 21h et la journée « Métiers, emplois, formations » le 10 décembre.
Du 7 au 11 décembre, le CENTQUATRE-Paris, lieu de création et de production artistique devient le quartier général de la Coalition climat 21, qui organise sa Zone d’Action Climat (ZAC), se positionnant ainsi comme un des lieux de la mobilisation citoyenne. La Coalition Climat 21 regroupe plus de 130 organisations de la société civile, des syndicats, des associations de solidarité internationale, des organisations confessionnelles, des ONG de défense des droits humains, de l’environnement ou encore des mouvements sociaux.Sur ces cinq jours, 150 activités seront proposées au total. « Lieu de préparation des manifestations de rue, actions symboliques, happenings artistiques », la ZAC sera un espace de discussions où chaque après-midi se conclura par une assemblée générale qui fera le point sur l’état des négociations de la COP21 . Deux débats à ne pas manquer : Le 8 décembre, de 17h à 18h, un débat aura lieu avec Nicolas Hulot et le 10 décembre, de 19h à 20h, un débat est programmé avec Naomi Klein autour du thème « Capitalism vs. The climate ».
ArtCOP21 prend ses quartiers à la Gaîté lyrique pendant toute la COP21. Une quarantaine d’acteurs y sont associés et des rencontres, débats, projections, performances, concerts et ateliers autour des thématiques liées au climat et au réchauffement climatique seront organisés. Agenda référençant plus de 400 événements en lien avec l'art et l'écologie, ArtCOP21 est une initiative de l'association COAL, créée en 2008. Cette structure ambitionne « d'accompagner les changements de société en lien avec la crise écologique avec une approche culturelle pour trouver de nouveaux modèles et de nouveaux imaginaires collectifs », explique Lauranne Germond de chez COAL. Parmi les nombreux projets présentés pendant la COP 21, la Conférence des Parties Créatives se tiendra à la Gaîté Lyrique du 1er au 11 décembre pour donner la parole aux artistes et aux créatifs. « Nous avons décidé de mettre en avant des formats assez libres basés sur des récits et des expériences, précise Lauranne. Tous les après-midis, de 15h-18h, acteurs culturels, artistes, se réuniront pour s’engager ensemble, avec le public, à développer l’imaginaire d’un monde possible, positif et durable ». Aussi, la Gaîté lyrique met sa programmation et ses espaces aux couleurs de la COP21 : une sélection de jeux vidéo sur le climat, un espace ressources dédié, les plateaux du 19h19 revisités et une carte des brunchs inédite seront proposés au public.